Edvard Munch
Norvège/Suède - 1973 - 2h45
Film de Peter Watkins
Avec Geir Westby, Gro Fraas, Kerstii Allum...
Il aura fallu une quinzaine d'années
avant que le talent du grand peintre norvégien soit enfin reconnu de
manière universelle. De 1885 au début du XXème siècle, les expositions
d'Edvard Munch en Europe font scandale. La critique et le public y
voient l'oeuvre d'un fou. Le peintre, bien que blessé par les attaques
sur son travail, continuera à rejeter le naturalisme et à tracer la
voie de l'expressionnisme. En peignant ce qu'il voit et pas ce qui est,
Edvard Munch accouchera de plusieurs chef-d'oeuvres comme les toiles de
La frise de la vie.
Expérience toujours intéressante que
celle de voir un réalisateur se pencher sur le processus de création.
Peter Watkins a choisi un artiste dont on peut le rapprocher, il
travaille le film comme Munch travaille la toile et subit comme lui les
critiques virulentes d'une presse conservatrice. On n'est ni dans la
fiction, ni dans la biographie, ni dans le documentaire mais dans tout ça à la fois. Watkins
reconstitue des témoignages, s'inspire des carnets de Munch, impose sa
caméra. Le film brille par son art du montage, les strates de son se
superposent et se répondent, certaines scènes reviennent en leit-motiv
hanter le personnage et le spectateur. L'engagement politique de
Watkins se profile en arrière-plan et la description des sphères
fréquentées par le peintre est particulièrement minutieuse. Les femmes
et la peinture agissent comme des vampires sur l'artiste tourmenté. On
est happé par les tiraillements artistiques et sentimentaux du peintre
et par cette atmosphère baignée de fumées, où morbide et sensualité se cotoient avant de s'embrasser dans les toiles.